Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

Marche Funèbre (Extrait) Jean Genet

I

Il reste un peu de nuit dans un angle à croupir.
Etincelle en coups durs dans notre ciel timide
(Les arbres du silence accrochent des soupirs)
Une rose de gloire au sommet de ce vide.

Perfide est le sommeil où la prison m'emporte
Et plus obscurément dans mes couloirs secrets
Eclairant les marins qui font de belles mortes
Ce gars hautain qui passe au fond de ses forêts.

II
C'est en moi qu'il me boucle et c'est jusqu'à perpète
Ce gâfe de vingt ans !
Un seul geste son oeil, ses cheveux dans les dents :
Mon coeur s'ouvre et le gâfe avec un cri de fête
M'emprisonne dedans.

A peine refermée avec trop de bonté
Cette porte méchante
Que déjà tu reviens. Ta perfection me hante
Et j'entends notre amour aujourd'hui raconté
Par ta bouche qui chante.

Ce tango poignardé que la cellule écoute
Ce tango des adieux.
Est-ce toi monseigneur sur cet air radieux ?
Ton âme aura coupé par de secrètes routes
Pour échapper aux dieux.

III

Quand tu dors des chevaux déferlent dans la nuit
Sur ta poitrine plate et le galop des bêtes
Ecarte la ténèbre où le sommeil conduit
Sa puissante machine arrachée à ma tête
Et sans le moindre bruit

Le sommeil fait fleurir de tes pieds tant de branches
Que j'ai peur de mourir étouffé par leurs cris.
Que déchiffre au défaut de ta fragile hanche
Avant qu'il ne s'efface un pur visage écrit
En bleu sur ta peau blanche.

Mais qu'un gâfe t'éveille ô mon tendre voleur
Quand tu laves tes mains ces oiseaux qui voltigent
Autour de ton bosquet chargé de mes douleurs
Tu casses avec douceur des étoiles la tige
Sur ton visage en pleurs.

Ta dépouille funèbre a des poses de gloire
Ta main qui la jetait la semant de rayons.
Ton maillot, ta chemise et ta ceinture noire
Etonnent ma cellule et me laissent couillon
Devant un bel ivoire.

Ecrit par chloenenuphar, le Dimanche 23 Novembre 2003, 17:04 dans la rubrique she is putting on a smile.

Commentaires :

olduval
olduval
26-11-03 à 22:33

C'est drôle comme chacun des textes que tu publies ouvrent des tiroirs de ma mémoire. Ces auteurs que j'aime mais que j'ai un peu abandonné, (Genet, Bobin) reviennent me visiter par le biais de tes mots.